SOUVENIRS D'UN FANTÔME
E. L. De Lamothe- Langon en ses Souvenirs d’un Fantôme, nous entraine bien
au-delà des mots au coeur de vingt-sept nouvelles qui relisent l’humain,
sous le prisme du fantastique, de l’horreur, de l’émerveillement, croquant
un portrait à la fois acide et beau de nos confrères. Ainsi le macabre côtoie
le fabuleux et cette alliance ne se laisse pas facilement enfermer dans un genre
littéraire.
Âmes vengeresses, justicières, rancunières les fantômes désorganisent
Le monde des vivants pour révéler une dimension jusqu’alors cachée,
crime, vol ou inceste demeuré impuni, trahison qui hante et bouscule
Le quotidien, l’immoralité renvoyée dans l’au-delà ressurgit avec force
dans la voix des spectres du passé. Ce sont les morts, ici, qui ne laissent guère
les vivants reposer en paix.
L’on est tenté de s’interroger dans quelle mesure cette profonde investigation
de l’âme humaine, qui ne s’arrête pas à la manière de Sade aux mœurs acceptables,
mais va jusqu’à décrire la jouissance du mal dans « L’histoire d’un voleur mort »
par exemple, si la fascination que l’on éprouve à le lire n’est point
du registre psychanalytique ?
En effet tous nos fantômes et revenants ne préfigurent-ils pas ce retour du
refoulé étonnante découverte Freudienne, à savoir que ces pieux mensonges
que nous faisons à nous-mêmes, cette vertu qui s’entoure de déni et de cécité,
est désavouée par nos cauchemars, nos obsessions, nos pathologies,
est désavouée par les souvenir de nos fantômes.
Car enfin c’est bien la vérité que traquent les mémoires d’outre-tombe,
tous ces revenants qui viennent troubler une conscience mal assurée
de ces actes. En effet la conscience est pour Freud un vernis, que l’auteur
gratte à loisir pour découvrir les sombres secrets de famille ou de bénitier
En dénonçant peut être une morale intenable?
Bel ouvrage, donc à découvrir chez Les Éditions Otrante : http://www.otrante.fr
, qui ira certainement puiser dans le lecteur d’étranges souvenirs, de curieuses
réminiscences...
Mar Thieriot
"SENS DE TOUS LES INSTANTS"
« SENS DE TOUS LES INSTANTS »
S’assoir en bout de table et avec délicatesse lire mot à mot,
En savourant chaque vers un chef d’oeuvre tiré à 39 exemplaires,
Qui vous arrive en parfait état avec une légère odeur de tabac,
Une odeur de bibliothèque, un parfum de vie, l’odeur de mon père.
Tourner posément les pages.
Reprendre son souffle et relire tout de go. Pour le plaisir.
Un poème- tableau, voilà le don des morts et le privilège du passage.
Ma joie est indicible. La joie d’avoir grandi dans un horizon de
Livres -envolés avec le décès de leur propriétaire - et de pouvoir
Recommencer comme poucet ramasse les cailloux blancs sur son chemin,
À constituer un premier rayon de soleil en bois brun habité de pages.
Merci à Florian Balduc qui conduit la Librairie d’Otrante pour le trésor reçu,
marchand de bonheur et d’histoire. La lecture est une grâce, puissions-nous
tous la partager.
Mar Thieriot
SAINT LÉON
SAINT LÉON
Elle vous a lu William Godwin d’un trait
D’abord au bord des larmes
Au bord de l’abîme
À hauteur d’orages
Puis pleurant de fatigue
Les pieds et les mains
Dans cette glaise étrange
Que l’on nomme roman
Que l’on saisi poème épique
Qui crie le vent
La lumière
L’eau
L’or
Et les cendres
L’alchimie
Dont nous voilà faits
Elle vous a lu comme l’on entend
Claquer les portes d’une geôle,
Puis d’une autre encore
Qui oui
Se rouvriront avec force et bruit!
Après l’enfer de la question
Les années cloué aux murs
Les buchers pour seule récompense de la sagesse
L’humaine et humble sagesse
Elle vous a lu relu
Les espaces nets
Les voyelles détachées
Un style de désastre
La réparation presque impossible
La mort prévisible
La douleur épouvantable
À peine dicible en son absurdité
La cruauté des superstitions
Les faiblesses apparentes de la raison
L’étrange résurrection
La bonté revenue
D’un homme si rare
Elle a lu la foudre l’incendie l’ouragan
Et la douceur d’une infante frêle et puissante
Oui
Un matin
Une réponse coulera
Une pierre philosophale entre les doigts tremblants
Après coup
Comme la beauté
Comme la vérité
En silence elle observe la lumière danser
À travers les vitraux du monastère
Une harpe joue un air suave
Son corps endolori et présent
Chante un psaume ancien
Pour la grâce reçue
De votre fable initiatique
Mar Thieriot
DE CHAIR ET DE CENDRES
DE CHAIR ET DE CENDRES
Notes sur « Memento Mori » Anthologie, Otrante, France, 2016.
Édition établie par Florian Balduc
De nos jours l’opposition entre ce qui remet au registre du mythos et nous renvoie aux croyances, ou à la littérature, car le mythe nous parle d’un savoir transcendant et non vérifiable, et ce qui a trait au logos, verbe établi en raison, qui veut démontrer et prouver, semble irréconciliable. La philosophie les oppose, nous appelant à la raison éclairée, loin des ténèbres de la néfaste fantaisie humaine.
Nous nous retrouvons face au divorce quasi insurmontable entre le monde des hommes et le monde des dieux ou des morts outre-tombe, ces visions séduisantes ou effrayantes,
Qui se réduiraient à une connaissance de l’imaginaire, car rien de ce qui est du registre du « paradis » ou de « l’enfer » ne semble à prime abord vérifiable ou même présenter une utilité scientifique.
Pourtant cette connaissance qui sans cesse rappelle la présence de forces transcendantes et extérieures à l’homme : souffle, inspiration, perdition, certes oui puise dans le réservoir de l’imaginaire et amène à la surface nos émotions souterraines les mieux enfouies, car souvent marquées par le sceau du délire et de la folie, existe de fait hors de nous : comme imaginaire social, présence des forces inconscientes de l’imaginaire du groupe et qui va agir de façon exogène, transcendante sur la personne.
Protégée ou maudite par le groupe, elle va se trouver en proie au ballet de bénédictions ou de malédictions voilées lorsqu’elle enfreint les codes de la morale de son temps et pactise avec ce qui est du registre du diabolique et du mal. Ève et Faust, qui prennent l’allure de l’homme ou la femme de la rue dans Memento Mori vont être témoin des danses macabres et s’en trouvent profondément altérés.
La danse va avoir un effet punitif ou salvateur, soit parce qu’elle va déclencher une frayeur irrémissible ou bien une soudaine prise de conscience, voire les deux simultanément.
Or ce qui semble un apport pour nos sciences humaines dans la connaissance mythique, et Jean pierre Vernant s’y est déjà longuement penché et qu’elle va être exprimer un code de conduite pour les émotions, voire un code punitif pour ces émotions qui
transgressent la morale établie, nos passions humaines.
La danse macabre, la ronde des morts désigne du doigt la vanité des vivants, tous égaux dans la conditions de damnés au cimetière, égaux dans leur condition fautive, car complices à un instant de leur existence d’avoir frayé, parfois non intentionnellement avec le mal, lors souvent d’un moment d’amour irrépréhensible.
Plusieurs questions se posent alors, par les mythes nous avons une éducation des émotions, mais doit elle être la seule, est elle la meilleure?.... En effet la folie dont témoignent les hommes lorsqu’ils sont l’objet de la force des dieux ou des diables, une folie sans appel, nous remet encore une fois à notre méconnaissance de l’inconscient, notre manque d’habileté avec nos émotions, notre difficulté à connaitre et vivre nos passions, alors que
Nous pourrions en faire, comme dans ce bel ouvrage : de la littérature, de la poésie, de l’art, du théâtre. Au lieu d’interdire une passion en faire le siège de la création.
En effet l’enfer de cette danse qui se reproduit comme un leitmotiv, inéluctable et acharnée, troublant le repos des morts, ressemble étrangement à la danse macabre des passions humaines et nous avons en un recueil mêlé la chair et les cendres, les morts bien lucides qui nous content la vie de l’autre coté du miroir, enfin brisé par la ténacité littéraire.
Le livre devenu objet rare, trop peu fréquenté parle de la condition humaine, la mort toujours à l’horizon, les passions réprimées et qui peuvent exister, prendre forme, dans les textes les plus osés ou les plus secrets. Le désir bien vivant; le souffle fétide ou salvateur de nouveau à l’oeuvre nous emporte dans une ronde où les mort interpellent les vivants et composent avec eux.
Les frontières sont abolies et les morts reviennent et s’expriment. Ils ont tant à nous dire.
Écoutons les....
Mar Thieriot inédit tous droits réservés.
Pour commander l’ouvrage :
Sur Byron
Sur Byron 1816
Recevoir
J’ai tellement désappris cela.
Les aspérités,
Les griffures,
Les attaques
alternent
drues
Sur le sentier du beau.
Et pourtant c’est le beau
Que je trouve
À l’orée des mots.
Que vous écrivez.
Celui qui sans doute échappe,
À la foule;
Fugace,
Imprenable....
Inviolable :
Mais un matin de joie, offert.
Je lis lentement.
J’écoute l’infini
Avec attention.
Le don des morts est précis
Comme une lame.
Relayer.
Seul remerciement possible.
Poser la flamme
Ici.
Pour éclairer une foule.
Ou une fourmi.
Qu’importe.
Pourvu qu’elle porte
Au passant,
Au vent,
À la vie,
Une clé pour sa partition.
Mar Thieriot - Inédit Tous droits réservés
Pour Byron consulter Byron 1816, Editions Otrante
www.otrante.fr/editions-m.html
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Leaving Canada
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Barcelona Spain
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Flying to Greece
Derniers commentaires
Ton site est magnifique
Mariana J'ai fais une première lecture de ton recueil poétique "Mains sans les mains"... que je compte garder tout près avec mes lectures au quotidien...
j'en veux un autre pour donner à une amie
ton hyper sensibilité est à même d'être un révélateur de l'absurdité de ce monde, et en même temps l'espoir que tu as si bien construit !!!
Awesome